Remonter le temps et se mettre dans la peau d’un soldat
On adore les anecdotes du guide sur la vie des soldats
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Au bout du chemin, après avoir emprunté cette route bordée d’arbres, sur notre droite un mastodonte apparaît : la caserne centrale de la Feste Obergentringen. 100 mètres de long sur 7 mètres de large et le tout sur 3 niveaux. Sa situation stratégique à 200 mètres d’altitude permet l’utilisation de son artillerie.
Une fois la voiture garée, c’est le moment de rentrer à l’intérieur. Premier changement par rapport à d’anciens forts : les matériaux. Pour contrer les progrès de l’artillerie, l’utilisation du béton et des cuirassements devient monnaie courante. Un autre détail, pour le visiteur, la température. Il y fait 13 degrés donc bien penser à prendre un pull et de bonnes chaussures.
Il est construit entre 1899 et 1906 pour protéger la vallée de la Moselle au niveau de Thionville. Par la même occasion, il couvre le réseau ferré et les deux autres forts autour de Thionville : Illange et Koenigsmacker.
Les soldats dorment dans des hamacs avec un système de 3x8h pour gagner de la place.
Direction
la caserne centrale
Le second changement est l’aménagement du fort avec sa caserne centrale, deux casernes secondaires et deux batteries d’artillerie. Pour la défense rapprochée, il est équipé de tranchées bétonnées et d’abri .
La visite débute par la découverte de la caserne centrale. Elle est le cœur névralgique du fort. Sa partie inférieure est équipée d’éléments ultra moderne pour l’époque. Au fil des pièces une odeur m’intrigue : une odeur d’hydrocarbure. Plutôt de diesel, qui permet de faire fonctionner 9 moteurs Deutz. Grâce à cela, l’ouvrage est autonome en électricité. Le confort de la troupe est essentiel, c’est pourquoi l’on retrouve une cuisine avec un four à pain. Mais également des douches pour les soldats.
L’étage supérieur est utilisé pour loger une partie des 2000 soldats présents dans ce fort. Après avoir exploré librement les différentes salles du musée, direction la batterie nord pour la suite de la visite guidée. Pour protéger les soldats et ne pas être détecté, j’emprunte une galerie bétonnée.
La batterie nord est un des maillons essentiels qui est relié à la caserne nord. Tout est intégré pour se défendre : poste de commandement, observatoire d’artillerie, magasin à munitions. Doté de 4 tourelles de 105mm, leur rayon d’action est de 10 kilomètres. Elle peut y atteindre n’importe quelle cible grâce à sa rotation à 360 degrés.
Notre guide indique que les canons sont tournées vers l’est. Mais bizarre c’est vers l’Allemagne ! Car oui Thionville est allemande entre 1871 et 1918. Tout comme l’entrée, les tourelles sont mises dans cette direction pour les protéger. Mais les protéger de quoi ? D’un tir d’artillerie ennemi qui frappe directement le canon. Hop hop assez blablaté, un peu d’huile de coude pour lever la tourelle manuellement. Cette différence lui permet de tourner à 360 degrés et de remplir pleinement sa mission de protection. Cela permet au fort de Guentrange d’être le plus puissant des 3 forts au niveau de Thionville.
Les douilles sont recalibrées dans le fort pour être réutilisées.
Le fort de Guentrange ne connaît pas l’épreuve du feu lors de la Première Guerre mondiale. Il est rattaché à la ligne Maginot dans les années 30 comme seconde ligne pour un soutien d’artillerie. Il faudra attendre 1944 pour son baptême du feu. L’armée américaine s’empare du fort en septembre. Après utilisation de l’artillerie, elle sera sabotée pour éviter que l’armée allemande l’utilise contre eux.